22/05/2016

Australie : Great sandy desert

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Broome - Karratha : 12 mai 2016 - 22 mai 2016

Je quitte Broome après deux jours formidables chez Lin, une taïwanaise expatriée en Australie. Rouler en Asie du sud-est ne nécessitait aucune préparation. Il y a du monde partout, on trouve de l'eau et de la nourriture facilement. L'Australie, c'est tout le contraire. C'est un pays désertique, surtout le centre et l'ouest où je me trouve actuellement.
Le great sandy desert s'étend sur ma route. 600km de Broome à Port Hedland et seulement 3 points d'eau, 3 stations services façon Australie appelées road houses. La distance entre ces stations peut aller jusqu'à 300km. Deux jours de vélo. Je sais que je bois entre 6 et 8 litres les jours de chaleur. Afin d'avoir un peu de marge, je charge mon vélo de 18 litres d'eau. Avec mes 6 jours de nourritures, mes sacoches sont pleines à craquer. Mon vélo n'a jamais été aussi lourd.
Six jours pour atteindre Port Hedland avec des journées parfois vraiment monotones. Le même paysage, rien ne bouge: de grandes lignes droites suivies de grandes lignes droites !
Pas de dune et de sable fin, ce n'est pas le Sahara ! De l'herbe sèche, des petits arbres et de la terre. Sans oublier les barbelés, bordant la route sur des dizaines de kilomètres.
La plupart des animaux sauvages rencontrés sur le bord de la route étaient morts. Même au petit matin je n'ai pas vu un seul kangourou, juste quelques oiseaux.

Pour agrémenter mes journées, mon pire ennemi était de la partie: le vent. Le matin toujours de face et parfois assez fort, pour réduire ma vitesse moyenne  à 15km/h . L'après midi, il devenait un compagnon, et me poussait. Je pouvais faire des moyennes à 27km/h.
La nuit, le vent tombe et les étoiles se dévoilent. Même si quelques nuages viennent perturber la vue, le ciel était magique. Sachant que la pluie ne tomberait pas, j'ai troqué ma tente pour un abri léger. Juste une bâche et une moustiquaire afin que mes yeux puissent apprécier le spectacle toute la nuit. J'ai utilisé pour la première fois depuis des mois mon duvet. Entre 15 et 20°C la nuit, ça faisait longtemps que je n'avais pas senti de l'air frais, ça fait du bien. Les journées étaient toujours aussi chaudes, avec plus de 40°C sous le soleil.

De belles rencontres ont jalonné ma traversée du désert. Les soirs où je ne dormais pas dans le bush je les passais dans les aires de repos aménagées par les provinces. Les australiens et autres voyageurs sont toujours aussi curieux de voir un cycliste au milieu de nulle part. Ils aiment également parler et connaître mon parcours. Je répète la même chose plusieurs fois par jour mais ça me fait toujours plaisir de discuter.
Le deuxième jour, vent de face, une voiture s'arrête 200m devant moi. Un couple me fait signe et à mon arrivée ils me tendent une glace au chocolat. Sous 40°C, en plein désert, un bonheur !
Eau, bières fraîches, fruits, sandwich, j'ai été gâté durant ce périple.

Lever du soleil, vélo chargé et camping au bord de la route

Mines de fer

En arrivant à Port Hedland, je comprends vite la situation. C'est une région minière, principalement des mines de fer. La circulation des road trains à trois ou quatre remorques est infernale. Je suis souvent obligé de me mettre sur le bas coté quand un de ces engins vient en face. Les australiens n'aiment pas les bandes d'arrêt d'urgence. Même si les routes sont larges, un road train lancé à pleine vitesse qui me frôle à un mètre ne me rassure pas trop. Je préfère m'écarter.
Port Hedland le principal port minéralier australien possède quelques jolis parcs, des plages mais les alentours sont vraiment moches. Des mines, des entrepôts, des trains, des camions, ... Ce que j'ai le plus apprécié ce sont les douches gratuites. Une vraie douche, ça fait du bien après six jours de toilette à la bouteille d'eau.
En quittant Port Hedland je quitte également le trafic incessant des camions. Après la bifurcation vers Tome Price et Newman, les road trains en file indienne ont disparu et je retrouve le silence.
Même si, d'après les cartes, j'ai quitté le désert ce n'est pas la forêt tropicale. Le paysage reste inchangé sur les 250km séparant Port Hedland et Karratha. Les rivières sont sèches. Je continue mes lignes droites parfois déviées par quelques rochers plantés au milieu de nulle part.

Les 18 litres d'eau ont été largement suffisants pour cette traversée désertique. J'ai pu remplir gratuitement mes bouteilles dans les road houses. Sur la route je n'ai aperçu qu'une seule fois de l'eau, dans quelques flaques perdues au milieu du désert.

Je suis actuellement à Karratha chez Sofie, une suédoise expatriée depuis 10 ans en Australie. La suite de mon trajet ne semble pas fantastique d'après mon hôte. 700km jusqu'à Carnavon avec le même fond d'écran ☹ .

Photo Australie

Statistiques

Distance :  918 km
Nb jours : 11
Nb jours de vélo : 8
Nb jours de repos : 3
Etape la plus longue : 176 km
Etape la plus courte :  47 km

Total depuis le début

Distance : 15269 km
Nb jours : 236
Nb jours de vélo : 133
Nb jours de repos : 103
Etape la plus longue : 208 km ( 10h de selle, Chine)
Etape la plus courte : 43 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 4
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
La Suite...

12/05/2016

Australie : Gibb River Road, 550km de piste

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Kununarra - Broome : 28 avril 2016 - 11 mai 2016


Je quitte Kununurra avec 8 litres d'eau et 10 jours de nourriture, chargé comme jamais jusque là. J'ai l'intention de prendre la Gibb River Road pour rejoindre Derby, soit 700km dont 550 de piste. Sharon, l'australienne qui m'héberge, m'a certifié que c'est magnifique. De plus c'est la meilleure saison. C'est juste le début de la saison sèche, peu de trafic et la piste devrait être correcte, quelques zones bosselées mais rien de bien méchant. J'ai également bien étudié les cartes. Les points d'eau (rivières) sont espacés de maximum 100km. Mais un doute subsiste toujours en moi. Prendre la route goudronnée, 200km plus longue ou tenter la piste. Jusqu'au dernier moment j'hésite. Le jour du départ au croisement entre la piste et la route principale je m'arrête et hésite. Je ne sais pas pourquoi mais je ne le sens pas trop.
J'efface mes doutes et prends la piste.
Correcte sur 1km, ça devient plus rude après. Pas mal de petites bosses comme de la tôle ondulée et des cailloux. Je ne suis pas à l'aise avec mon vélo chargé. Le moindre défaut fait bouger mes sacoches de haut en bas et de droite à gauche. Physiquement ce n'est pas dur, j'ai juste peur de casser une pièce, rayons, sacoches, ... Après 25km de piste cassante j'arrive à la première rivière. Pas de pont, il faut traverser avec ses deux jambes et son vélo de 50kg. Mais la chance me sourit, un jeune australien en pick-up me propose de charger mon vélo dans la benne. Je décharge mes bagages et porte mon vélo jusqu'à sa benne et on se lance dans la traversée. 100m de long, rocailleux, 80cm d'eau, le 4x4 se balance avec force mais tout se passe bien. Sans cette aide bienvenue j'aurais dû faire 3 aller-retour, deux pour mes bagages et un pour mon vélo. Une galère évitée. Il est midi, j'ai fait 125km depuis Kununurra. Je m'arrête là pour aujourd'hui. L'eau est très claire, on peut voir le fond, pas de crocodile, c'est parti pour le bain. Avec 45°C cet après midi là, la rivière est vraiment la bienvenue.
Le lendemain je pars au lever du jour à 5h30. A l'aube l'air est nettement plus frais, 25°C. La piste est toujours mauvaise. Au bout de 6km je m'arrête et pense faire demi tour. Un couple de canadien s'arrête, on discute et ils me disent que la piste est mauvaise sur les 90 premiers km mais qu'après c'est mieux. Je retrouve de la motivation, et je repars gonflé à bloc. Satanée piste: 8h30 pour faire 96km. Je ne suis jamais allé aussi lentement. Pas un kilomètre sans bosse, je suis frustré. Impossible  de profiter du paysage, mon regard est fixé sur le chemin pour trouver l'endroit de la piste qui est le moins mauvais.
Usé, sous une chaleur éprouvante, j'arrive devant la rivière Durack. Elle n'est pas très large ni profonde. Trois aller-retour et me voilà de l'autre coté. Bain, lavage de mes affaires, nettoyage du vélo m'occupent jusqu'à la nuit.

Pentecost et Durack rivière, piste bosselée

Les jours suivant la piste s'améliore, mais légèrement. Certaines parties sont sablonneuses, impossible de pédaler avec mon vélo chargé. Je pousse sur plusieurs km sous un soleil brulant, 49°C à mon thermomètre à 14h. Cette piste m'en veut. Quand il n'y a pas de sable, ce sont des bosses ou des cailloux. Sans oublier les mouches, qui se cachent dans mon dos et de temps en temps remontent sur mon visage visant les points sensibles. Oreilles, narines, yeux, elles sont vraiment collantes. Et le soir c'est les moustiques qui s'y mettent !
Sur les 250 premiers kilomètres, seul cinquante ont été corrects. Le physique suit, ce n'est pas si dur que ça, mais mon mental souffre. Je suis frustré d'avancer à la vitesse d'une tortue, 11km/h !
Heureusement presque tous les jours je croise une rivière. Après l'avoir traversée en 3 fois, je me baigne et me rafraichit. Quel bonheur ! Il parait qu'il y a des crocodiles en Australie. Crocodile Dundee c'est pour le cinéma! Je n'en ai vu aucun, pas la moindre trace. Je fais quand même très attention, je me baigne uniquement si l'eau est claire et que je vois le fond. Je ne joue pas ma vie, j'ai encore trop de choses à faire. D'ailleurs il me faudrait plusieurs vies pour réaliser tout ce dont j'ai envie.
En roulant j'ai le temps de réfléchir et les idées fusent dans ma tête. Certains jours je fais presque 100km et d'autres 50km, mais toujours au moins cinq heures de vélo.
Et pour agrémenter la fin de mon voyage, les trois dernières nuits d'orage viennent troubler mon sommeil. Ma tente montre quelques signes de fatigue. J'ai étanchéifié les coutures il y a 1 mois mais ce n'est pas parfait. Quand l'orage est très fort quelques gouttes tombent du toit, rien de bien méchant mais après plusieurs heures ça mouille un peu. Le pire ce n'est pas la pluie, mais la boue du lendemain matin. Cette terre rouge et collante m'empêche de pouvoir profiter de la fraicheur matinale. A 6h du matin, je transpire déjà, l'effort est trop intense. Vers 8h le soleil devient assez fort pour sécher la piste et je peux reprendre mon allure "normale".
L'aube est le meilleur moment pour apercevoir des animaux sauvages. Kangourous, oiseaux et même des dingos !
Chaque soir à l'arrivée, je suis vraiment sale. Les quelques voitures qui passent sur cette piste me couvrent de poussière.
Je ne croise pas grand monde sur le chemin: dix voitures maximum par jour, principalement des touristes,qui sont toujours sympa avec moi. Ils me demandent si j'ai besoin de d'eau ou de nourriture. Solidarité oblige, mais quelle générosité !

Barbu et bronzé
Après 9 jours, 150km de goudron, 550km de piste, des kilos de flocons d'avoine et de muesli, j'arrive à Derby. Je m'empresse de visiter le seul supermarché de la ville. Mon corps a besoin de gras et de sucre. J'achète des gâteaux, du beurre de cacahuètes et du pain. Quel bonheur ! Pas de fromage, de jambon ou de beurre: trop cher, 5$ soit 3€ environ le bout de fromage infâme. Je passe mon chemin. A chaque ville, c'est la même chanson. Après m'être rassasié, je cherche une prise pour charger mon smartphone. Toilettes, laverie, centre d'information sont des places de choix, je n'ai jamais manqué de courant ☺
Je suis vraiment content d'en avoir fini avec cette maudite piste mais relativement déçu. La piste était mauvaise et les paysages n'étaient pas si grandiose: jolis sans plus. Toutes les curiosités sont situées à l'écart de la piste principale. J'aurais dû faire entre cinquante et cent kilomètres pour les voir sans garantie de trouver de l'eau et même un endroit pour dormir.  C'est ma curiosité qui m'a poussé à prendre cette piste. Je ne recommencerai pour rien au monde.
La suite de Derby à Broome est anecdotique. Trois jours de route bien goudronnée, de beurre de cacahuète étalé sur du pain de mie, d'orages et de chaleur. J'arrive à Broome très très sale: "minable" comme on dit en Provence . Avec les orages, les rivières étaient boueuses, impossible de laver mes affaires.

Je suis hébergé chez Lin et Esy, deux chinoises expatriées en Australie. Je prépare la suite de mon voyage et la traversée du désert de Sandy entre Broome et Port Hedland. Je mange comme deux afin de reprendre un peu de poids. Le régime "dissocié" muesli, flocons d'avoine a rongé le peu de gras que j'avais.

Filtrage de l'eau



Sur la Gibb River Road, j'ai filtré l'eau des rivières et des mares afin de boire de l'eau potable. J'ai vu certains aborigènes boire directement dans la rivière, mais mon estomac fragile d'européen ne le supporterait sans doute pas.
Filtrer l'eau n'est pas compliqué: 30min pour 8L, un peu d'huile de coude et le tour est joué. Si l'eau est très sale, terreuse comme une rivière après un orage. Je pré-filtre avec une paire de chaussette afin de supprimer les plus grosses particules pour ne pas boucher mon filtre.

Statistiques

Distance :  1031 km
Nb jours : 14
Nb jours de vélo : 12
Nb jours de repos : 2
Etape la plus longue : 120 km
Etape la plus courte :  46 km

Total depuis le début

Distance : 14351 km
Nb jours : 225
Nb jours de vélo : 125
Nb jours de repos : 100
Etape la plus longue : 208 km ( 10h de selle, Chine)
Etape la plus courte : 43 km
Plus haut col : 3045 m (Yunnan, Chine)
Crevaison : 4
Rayon cassé roue arrière: 9 ( ancien vélo décathlon à 100€)
La Suite...